Partant du constat que les ruches modernes étaient des passoires thermiques conduisant à des surmortalités hivernales, Marc Guillemain a passé 30 ans de sa vie à mettre au point un système d’isolation efficace en s’inspirant de l’habitat naturel des abeilles, à savoir le tronc d’arbre.
Dès les premières baisses de températures, les butineuses sont encore plus sensibles au climat que nous et se préparent à rester regroupées dans le corps de ruche. L’apiculteur a tout intérêt à les aider à organiser leur hivernage.
Quand hiverner une ruche ?
L’hivernage est une étape clef en apiculture, il sera déterminant pour le développement des colonies au printemps. La mise en hivernage s’effectue en règle générale à la fin du mois de septembre et début du mois d’octobre alors que les températures se rafraichissent. Une fois le mois d’octobre dépassé, il est interdit d’ouvrir sa ruche au risque de refroidir l’essaim !
Les abeilles se serrent en « grappe d’hivernage » à l’intérieur du corps de ruche dès que les températures extérieures tombent en dessous des 10 °c. Plus il fait froid, plus la grappe est compacte. En son cœur, la température peut monter jusqu’à 35 °c, notamment en présence de couvain. Cela leur permet de réchauffer leur nourriture avant de l’ingérer. Une fois les réserves épuisées, ces dernières se déplacent vers la partie supérieure du corps de la ruche. Vous l’avez compris, même pendant leur hibernation les abeilles sont loin d’avoir les griffes des pattes en éventail. Si vous en avez l’occasion, placez votre oreille contre une ruche et vous pourrez entendre le bourdonnement diligent des ouvrières qui réchauffent leur maison.
Comment mettre en hivernage une ruche ?
Il est dit que la saison apicole ne commence pas au printemps, mais en automne, aussi lisez bien les conseils qui vont suivre afin de préparer vos petites colonies avant les premiers froids.
Isoler la ruche du froid
Réduire les entrées de ruche
Protégez vos ruches des rongeurs ! Pour cela, réduisez leur entrée afin que ces parasites à poils courts ne s’installent dans les coins délaissés par les abeilles. Vous les empêcherez de grignoter la cire et les réserves de miel au passage. Les perturbations et les vibrations créées pas les squatteurs stressent vos abeilles qui vont de fait consommer plus de miel.
Choisir le bon plancher
L’humidité est l’ennemi numéro un d’une colonie d’abeille. Pour limiter ses dégâts, veillez à ce que le plancher de la ruche soit aéré.
Plancher avec plaque de fermeture : ouvrez partiellement la plaque de fermeture du plancher afin que le courant d’air assainisse l’essaim.
Si vous n’avez pas prévu de plancher aéré, placez une cale de 3 mm dans chaque angle entre le plancher et le corps de la ruche.
Si votre plancher est entièrement grillagé, disposez une hausse entre le plateau et le corps de la ruche. Les abeilles seront protégées du vent froid de l’hiver.
Resserrer la colonie
Réduisez l’espace de vie des abeilles à 6 cadres si possible, grâce à des partitions isolantes réfléchissantes en aluminium. Ainsi, les abeilles ne dépensent pas trop d’énergie pour réchauffer l’essaim, c’est à la fois une économie d’énergie et de nourriture, et un gage de redémarrage précoce de la ponte de la reine.
Isoler le corps de ruche
Ajoutez un isolant couvre-cadres en mousse ou en aluminium pour éviter la déperdition de chaleur de la ruche durant l’hivernage. Inclinez légèrement votre ruche afin que la condensation s’écoule.
Stockez les hausses et conservez les cadres.
Si vous ne l’avez pas déjà effectué dès le début de la récolte de miel, stocker les hausses et les cadres cirés est primordial afin de les protéger de la fausse-teigne et des rongeurs.
Stockage des hausses
Une fois les hausses léchées par les abeilles, entreposez-les dans un endroit aéré à l’abri de la chaleur et de la pluie. Disposez-les sur deux palettes empilées, garnies de 8 cadres maximum. Ajoutez des grilles à reines aux extrémités pour empêcher des rongeurs d’entrer.
Stockage des cadres cirés et de pollen
Veillez à conserver vos cadres cirés en excès dans les mêmes conditions que vos hausses. Pour les cadres qui contiendraient encore des résidus de pollen et de miel, conservez-les dans une chambre froide à 10°c afin d’éviter d’attirer les teignes et les guêpes.
Pour sécuriser l’état des cadres de pollen, saupoudrez-les de sucre glace dépourvu d’amidon, ou de sucre semoule broyé finement. Ce procédé permet de le sécher. Appelé “le pain des abeilles”, le pollen est donné en nourrissement pour stimuler la colonie au moment de l’élevage des reines ou, dès le mois de mars, pour le démarrage des colonies qui souffriraient de carence en protéines.
Quel poids doit atteindre une ruche pour l’hivernage ?
Peser ses ruches avant l’hiver donne une indication sur l’état des réserves des colonies. Le poids d’une ruche permet de savoir si les abeilles ont besoin d’être nourries ou non. La pesée s’effectue à l’arrière de la ruche grâce à un peson (ou “pèse-ruche”). Le poids relevé doit être ensuite multiplié par 2. Par exemple, un peson qui indique « 16 kg » signifie que la ruche pèse au total « 32 kg ».
Le poids de la ruche peut varier selon la région, on peut considérer qu’une ruche complète doit peser entre 32 et 35 kg. Bien entendu, ce poids peut être plus important notamment en altitude et les régions plus froides où les réserves de miel doivent être plus importantes pour les colonies d’abeilles.
Nourrissement au sirop avant le début de l’hiver.
Comme expliqué plus haut, vous pouvez ouvrir une dernière fois la ruche en septembre. Son ouverture doit s’effectuer uniquement lorsque la météo n’est pas orageuse et que la température extérieure ne descend pas en dessous de 15°c. Effectuer une stimulation au début de l’automne et un contrôle du varroa sont des étapes nécessaires pour avoir de jeunes abeilles en quantité suffisante, bien nourries et en bonne santé pour couvrir la période hivernale.
Ruche de moins 35/40 kg
Si la colonie vous semble trop clairsemée, nourrissez avec du sirop de stimulation (50% eau / 50% sirop) pour développer le nid à couvain et favoriser la naissance d’abeilles d’hiver.
Si la colonie est suffisamment populeuse, nourrissez avec un sirop plus concentré (30% eau / 70% sirop). Contrairement au pain de candi, les abeilles stockent le sirop dans leurs cadres de réserve.
Ruche de plus de 35/40 kg
Si la ruche pèse entre 35 et 40 kg, elle a suffisamment de réserve pour tenir l’hiver. On estime qu’une ruche a besoin entre 12 kg et 20 kg de miel pour un bon hivernage.
Comment nourrir les abeilles en hiver ?
Les ruches doivent être régulièrement pesées pendant l’hiver afin de s’assurer que les colonies ne manquent pas de nourriture.
Durant son hivernage, la colonie va absorber entre 8 et 15 kg de miel operculé. Elle peut consommer jusqu’à 4 kg dès septembre si les conditions météorologiques sont mauvaises. En cas de manque de réserves, il est conseillé de compléter le poids en distribuant du candi sur un couvre-cadres percé. Les pains de sucre seront plus adaptés que le sirop qui contraint les abeilles à éliminer les excès d’eau.
superbes conseils parfait comme d'habitude !